À propos
Le volet scientifique de cette rencontre se rapporte à l’organisation d’un colloque scientifique international sur le thème « Langue, peuple et culture soŋay-zarma-dendi : intégration et consolidation de la paix au Sahel ». Ce colloque, qui se tiendra du 25 au 27 avril 2025 à Niamey au Niger, vient poursuivre la série de colloques organisés ces dernières années au Burkina Faso, au Mali (mars 2006 et mars 2007) et au Niger (décembre 2019).
Les axes de l’événement scientifique abordent tous les aspects de la vie des communautés : langue, culture, éducation, histoire et peuplement, sécurité, littérature, art, économie et développement, environnement, changement climatique, ressources en eau, etc.
Le comité scientifique, mis en place à cet effet, invite les chercheurs, les universitaires, la société civile, les écrivains, les traditionnistes, les traditionnalistes et toutes autres personnes qualifiées, à répondre au présent appel à communication.
I. Contexte et justification
La langue soŋay, qui a différentes appellations à travers son cadre géographique, est une des langues transfrontalières véhiculaires de l’Afrique de l’Ouest : soŋay au Mali, soŋay-zarma-dendi au Niger, dendi au Bénin, soŋay et marensé au Burkina Faso, entre autres. On trouve des locuteurs de ses différentes variétés dans d’autres pays comme le Nigéria, le Ghana, le Soudan, le sud-ouest algérien, sans compter, avec les migrations récentes, une forte diaspora vivant dans différentes autres régions du monde.
L’histoire des communautés locutrices de cette langue est en lien étroit avec celle de l’empire soŋay, avec trois principales dynasties, en l’occurrence celle des Zaa (Dia), celle des Sonni (Si) et celle des Askia. La longue histoire de cet État précolonial témoigne de relations entre les peuples soŋay et leurs voisins - Touareg, Bozo, Dogon, Peulh, Mossi, Gourmantché, Gourounsi, Haoussa, etc. De cette coexistence sont nées des relations de différents types comme le cousinage à plaisanterie, les mariages et de nombreuses variétés d’alliances qui témoignent d’un climat de coexistence pacifique et de l’émergence d’un riche et inextricable brassage ethnolinguistique et culturel représentant un facteur d’unification dans ce grand espace sahélien, voire dans le continent africain en général.
Le cadre de vie de ces communautés, très large, couvre une bonne partie des États actuels du Burkina Faso, du Mali, du Niger et du Bénin. Ces États ont pour ambition commune la conjugaison de leurs efforts en vue du règlement des multiples défis auxquels ils sont confrontés. Parmi ces défis, on peut citer la pauvreté, les trafics illicites, l’insécurité transfrontalière, la fermeture de nombreux établissements scolaires, d’importants mouvements de déplacés internes et d’autres facteurs de vulnérabilité conjoncturelle et structurelle comme la sous-production, la paupérisation, la dégradation de l’environnement, l’exode des jeunes et les inondations devenues récurrentes depuis plus une décennie. Cette situation s’observe principalement dans la zone dite des trois frontières.
Au contraire de ces facteurs de vulnérabilité, il convient de rappeler que ce vaste ensemble regorge d’importantes ressources naturelles qui sont objet de convoitises de la part d’acteurs multiples et multiformes. Ces convoitises s’ajoutent aux multiples défis évoqués précédemment et influent sur la géopolitique locale.
Ces défis pèsent lourdement sur le devenir de l’espace concerné. Il est attendu des chercheurs et autres détenteurs de savoirs de tous les domaines, des réflexions pertinentes et novatrices susceptibles de contribuer à un retour rapide à la paix, la quiétude sociale et l’amélioration des conditions économiques des communautés qui partagent, depuis des lustres, cet espace et des valeurs communes.
Il est donc important d’envisager des réflexions autour des différentes dynamiques en rapport étroit avec la langue et la culture soŋay-zarma-dendi. A titre d’exemple, la langue utilisée dans les différents médias fait également office de langue de scolarisation d’où l’impératif de faire le point de près d’un demi-siècle d’enseignement-apprentissage associé à cette langue dans les différents pays concernés.
Au niveau économique, les communautés qui vivent dans l’espace considéré continuent de dépendre des productions rurales aléatoires (agriculture, élevage, cueillette, de pêche, etc.) pourtant cet espace regorge de multiples ressources stratégiques. Des études doivent permettre de mieux apprécier le potentiel dans ces différents domaines afin de mieux contribuer aux programmes de développement intégré et durable, à même de renforcer la paix et de créer de meilleures conditions de vie.
Aussi,
une meilleure appréciation de ces relations à travers l’histoire et, in situ,
permettra-t-elle de mieux appréhender les sources des problèmes actuels et de
penser de réponses originales pour arrêter et prévenir dans la durée les types
de conflits et autres difficultés majeures qui ont profondément fragilisé ces
communautés les dernières années.
II. Objectifs du colloque
2.1. Objectif général
Le colloque ambitionne la production de connaissances susceptibles de contribuer à la valorisation des potentialités culturelles, artistiques, techniques, sociales, politiques et économiques de l’espace soŋay-zarma-dendi.
2.2. Objectifs spécifiques
Les objectifs spécifiques sont :
- contribuer à une meilleure connaissance des communautés soŋay-zarma-dendi à travers l’histoire, le peuplement et les interrelations avec les autres communautés ;
- contribuer à une meilleure connaissance des principaux enjeux et défis actuels et à venir sur les plans sociaux, géopolitiques, environnementaux, économiques et sécuritaires ;
- contribuer à une meilleure connaissance des principaux facteurs et sources de vulnérabilité (de tous ordres et de toutes natures) des communautés et de leurs cadres de vie ;
- contribuer, par la réflexion à l’identification des voies et moyens les plus appropriés pour un retour rapide à la paix et à une coexistence pacifique pérenne.
III. Axes du colloque
Les communications s’inscriront prioritairement dans l’un des axes suivants, avec, pour cadre, l’espace géographique des communautés soŋay-zarma-dendi. Toutes les propositions seront examinées par le Comité scientifique du colloque.
Axe 1 : Langue, culture, éducation
Les communications de cet axe doivent couvrir les problématiques suivantes :
- description de la langue soŋay ;
- langue et système éducatif ;
- relations langue-culture, normes sociales ;
- numérisation et instrumentation de la langue ;
- valorisation de la langue et de la culture, production et dissémination de contenu ;
- système de santé, système éducatif et survie culturelle.
Axe 2 : Histoire, territoire et peuplement
Les communications de cet axe doivent couvrir les problématiques suivantes :
- histoire, migrations et peuplement ;
- cadre de vie et interrelations entre peuples de l’espace soŋay-zarma-dendi ;
- typologie et origines des cousinages à plaisanterie ;
- lieux de mémoire, territoires, sites et personnalités historiques de l’espace soŋay-zarma-dendi.
Axe 3 : Économie et développement
Les communications de cet axe doivent couvrir les problématiques suivantes :
- population, croissance et enjeux du développement ;
- ressources naturelles et convoitises ;
- environnement et changement climatique ;
- l’eau comme enjeu géopolitique et économique.
Axe 4 : Foncier, systèmes de productions rurales et souveraineté alimentaire
Les communications de cet axe doivent couvrir les problématiques suivantes :
- le foncier et les espaces partagés ;
- les problématiques agricoles, alimentaires et nutritionnelles ;
- l’élevage et les pratiques pastorales ;
- pêche, pisciculture et préservation des ressources halieutiques ;
- produits de cueillette et enjeux économiques.
Axe 5 : Gouvernance, paix et défis sécuritaires
Les communications de cet axe doivent couvrir les problématiques suivantes :
- géopolitique et enjeux sécuritaires ;
- gouvernance locale (politique, administrative, communautaire et coutumière) ;
- modes de vie et coexistence pacifique des communautés.
IV. Résultats attendus
Les résultats attendus sont, entre autres :
- la langue, la culture, les systèmes éducatifs dans l’espace soŋay-zarma-dendi, sont bien valorisés et des propositions formulées pour leur prise en compte dans la scolarisation ;
- l’histoire du peuplement et les interrelations avec les autres communautés sont mieux connues ;
- les principaux enjeux et défis actuels et à venir sur les plans sociaux, géopolitiques, environnementaux, économiques et sécuritaires sont mieux connus ;
- les principaux facteurs et sources de vulnérabilité des communautés et de leurs cadres de vie sont bien identifiés ;
- les voies et moyens les plus appropriés pour un retour rapide à la paix et à une coexistence pacifique pérenne sont identifiés.